Le Courlis cendré en France

tAXONOMIE

 

Classe:              Aves

Ordre:               Charadriiforme

Genre:               Numenius Brisson, 1760

Espèce:             arquata (Linnaeus, 1758)

Sous-espèce:    3

Numenius arquata arquata (noté N. a. arquata)

Numenius arquata orientalis (noté N. a. orientalis)

Numenius arquata suschkini (noté N. a. suschkini)

 

En France, seul N. a. arquata est présent.

 


Répartition

Le Courlis cendré est une espèce polytypique migratrice partielle qui comprend trois sous-espèces reconnues :

- Numenius arquata arquata (N.a.arquata), qui niche de l’ouest de l’Europe jusqu’à l’Oural, et du cercle arctique jusqu’au nord-ouest de l’Espagne. Les nicheurs, hivernants et migrateurs vus en France appartiennent tous à cette sous espèce.

- Numenius arquata orientalis qui niche de l’ouest de la Sibérie à la Mandchourie et du cercle arctique au 48° de latitude nord.

- Numenius arquata suschkini qui niche au sud de l’Oural, au sud-est de la partie européenne de la Russie et au Kazakhstan.

Morphologie

Le Courlis cendré N. arquata arquata est le plus grand limicole de l’Ouest-Paléarctique:

    - de 50 à 60 cm de long

    - et 90 à 106 cm d’envergure

    - entre 700 et 1000 g.

 

En vol, une forme en V blanc est particulièrement visible sur le bas du dos.

La principale caractéristique du Courlis cendré est son bec très long, fin, recourbé vers le bas, rosâtre ou rougeâtre à sa base, très sensible à son extrémité, et mesurant de 9 à 15 cm.


Cycle de Vie

La reproduction

En France, l’espèce niche dans plus de la moitié des départements, à l’exception de ceux de la région méditerranéenne. Les principaux secteurs de reproduction sont le Val de Saône comptabilisant plus de 50% de la population nicheuse française, la Vallée de la Seille, la Lorraine, et les marais du Cotentin. Les effectifs de nicheurs présents sur les sites dits « bastions historiques de l’espèce» tels que les Monts d’Arrée (Bretagne) et l’Alsace sont en forte régression. D’autres noyaux de population plus petits sont disséminés en Gironde et dans les Landes, dans le piedmont pyrénéen, le Massif Central, le Poitou-Charentes, l’Anjou, la Brenne et la Vallée du Cher.

La reproduction s'étale de mars à juin. Les nids sont élaborés courant mars dans des zones offrant une couverture végétale

peu dense et de faible hauteur, tout juste suffisante pour être cachés d’éventuels prédateurs, tout en permettant aux jeunes poussins de se déplacer sans risquer de s’entraver. Trois à cinq œufs sont pondus par nid en mars-avril, incubent durant 28 jours en moyenne avant l’éclosion en mai. Si la ponte est détruite tôt, les Courlis sont alors capables de faire une ponte de remplacement dans les sept jours suivant la destruction de la première, celle-ci comptant moins d’œufs. Les jeûnes, élevés surtout par le mâle, sont émancipés au bout de 32-38 jours, et prennent leur envol entre fin mai pour les plus précoces, et fin juin pour les plus tardifs.

la période internuptiale

Le Courlis cendré commence sa migration post-nuptiale vers des sites de repos à partir de juin, où il va rester jusqu’en septembre, moment où il va partir vers ses sites d’hivernage. En France, tous les départements de la côte Atlantique sont concernés par l’espèce.

 Parmi les Courlis cendrés observés en France, quatre cas de figures sont possibles :

- des nicheurs en France passant l’hiver en France;

- des nicheurs du Royaume Uni, du Nord et du Centre de l’Europe (Norvège, Suède, Finlande, Allemagne, Russie, etc…) migrant en France pour passer l’hiver ;

- des nicheurs français partant passer l’hiver dans la péninsule ibérique ou en Afrique de l’Ouest ;

- et probablement, des nicheurs du Nord et du centre de l’Europe faisant une halte en France durant la migration post-nuptiale, et partant passer l’hiver en Espagne ou en Afrique .

Habitats

Sites de reproduction

La reproduction en France s’étale de mars à juin, période durant laquelle les Courlis cendrés se répartissent en deux entités principales :

- à l’Est une population « continentale » presque exclusivement prairiale, en continuité avec la population du sud de l’Allemagne,

- à l’Ouest une population « atlantique » qui niche essentiellement dans les landes (tourbeuses, de fauche, à bruyères), ce qui l’apparente davantage à celle des îles Britanniques.

Entre les deux, les populations présentent tous les cas intermédiaires, avec cependant une utilisation préférentielle des milieux prairiaux : prairies marécageuses, de fauche, pâturées, en jachère, friches humides.

Sites de halte et d'hivernage

En période inter-nuptiale, il fréquente majoritairement les régions littorales, où il occupe les estuaires et les baies pourvus de vasières, les lagunes côtières, etc…. Certains fréquentent des sites plutôt à l’intérieur des terres, dont d’ailleurs les effectifs ont tendance à augmenter, et occupent les environs des grands plans d’eau (lacs, étangs…) ou les plaines fluviales où, pour se

nourrir, ils fréquentent les prairies et les champs cultivés ou labourés des alentours, ceux-ci pouvant parfois être situés à plusieurs dizaines de kilomètres de distance des lieux de remise.


Effectifs

N. a. arquata est la sous espèce la plus nombreuse, avec des estimations de sa population allant de 700 000 à 1 000 000 d’individus (BirdLife International 2004b, Thorup 2006, Delany et al. 2009). Ces oiseaux migrent beaucoup au sein de leur aire de répartition, à l’exception de ceux nichant au Royaume Uni et en Irlande qui semblent s’être sédentarisés.

Le déclin des populations nicheuses a été observé ou suspecté dans la plupart de ses zones de reproduction. L’effectif total de nicheurs en Europe a été estimé entre 202 000 et 297 000 couples (Thorup 2006). Plus de 99% des populations nicheuses de

N. a. arquata sont comptées dans dix pays d’Europe, où elles sont toutes estimées en déclin, à l’exception de celles présentes en Biélorussie (BirdLife International 2004a). En France, la population nicheuse qui fut relativement constante (Birdlife 2004) est désormais estimée à 1 300 – 1 600 couples, et accuserait une diminution de 25% en 15 ans, avec néanmoins une répartition relativement stable (Issa & Muller 2015). L’effectif hivernant en Europe a été estimé quant à lui à environ 500 000 individus, et se répartit pour l’essentiel dans la partie occidentale du continent, où il parait en augmentation. En France, avec environ 23 000 individus comptabilisés en moyenne entre 1991 et 2011 (effectifs instantanées allant de 20 000 à 52 000 individus), la population hivernante a été estimée globalement stable depuis ses trente dernières années, voire en légèrement augmentation (Mahéo 1978-2011, Issa et al. 2012, Issa & Muller 2015).